Papillonner, se glisser entre deux battements d’ailes, s’inscrire dans les espaces interstitiels, remettre en mouvement des objets familiers qui semblaient pourtant à jamais figé dans notre imaginaire collectif, c’est le sens de mon travail et c’est aussi ma signature, celle du papillon.
Mon art est d’abord un art de la translation dans lequel le travail de la matière consiste à générer lumière et mouvement afin de dépoussiérer des symboles et d’épingler des icônes. Mon univers est naïf et je le revendique, mais il n’en est pas moins transgressif. Il est l’aboutissement d’une démarche de recyclage, de détournement et de démarque. Je veux m’amuser de ce qui est sérieux et tenter de redonner une dimension populaire à la création, mais toujours en douceur, sans haine ni violence.
Je suis jeune mais mon âme est ancienne. Le passé m’inspire. J’aime à le saisir dans des matières qui incarnent la modernité. Mes œuvres sont conçues comme des rencontres entre le désuet et le moderne, entre l’unicité et l’industriel, entre la lumière et l’obscurité, entre le simple et le complexe. Je procède par série parce que j’aime à dérouler le fil d’Ariane en déclinant une idée, en la creusant et même en allant jusqu’à l’user.
Si j’ai passé l’essentiel de ma vie à Aix en Provence où je vis toujours aujourd’hui, j’aime à me rappeler que c’est au Pays basque que je suis née, à Bayonne en 1996, une ville où foisonne la créativité et dans laquelle je reviens régulièrement afin de me ressourcer.
Quand je me retourne sur mon parcours d’artiste, je me dis que ce n’était pas une évidence au départ. Il n’est ni le fruit d’une vocation, ni celui d’une révélation mais plutôt d’un cheminement. Je suis une autodidacte revendiquée. D’abord initiée à la peinture par un grand père peintre à ses heures perdues, j’en suis venu à m’intéresser aux arts plastiques dans leur grande diversité.
De belles rencontres, la découverte de l’œuvre de quelques grands artistes mais surtout la volonté d’explorer ce que j’avais en moi et comment l’exprimer, ont jalonné mon parcours. C’est ce qui m’a amené à expérimenter différentes techniques et matières afin de trouver les modes d’expression qui me convenaient le mieux. Si aujourd’hui on peut dire que je fais de la sculpture, je sais aussi que j’ai toujours eu du mal avec les lignes de démarcation. Aussi je préfère me voir comme une plasticienne qui aime avant tout à travailler et assembler de la matière.
Quoi qu’il en soit, l’essentiel reste le choix que j’ai fait de vivre de mon inspiration et d’aller là où elle m’emmènera. Si j’osais paraphraser Andy Warhol, je finirais en disant que pour moi, l’art c’est tout ce que je peux me permettre.